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Archive annuelle 21 décembre 2017

Théâtre du Mayapo

Photos Ay Carmela

 

Ay Carmela

L’HISTOIRE

Carmela c’est le nom de l’héroïne de la pièce de José Sanchis Sinisterra. C’est une artiste de variétés qui, avec son partenaire Paulino, parcourt le front d’Aragon, en cette année de disgrâce de 1938, pour proposer aux soldats de la république un spectacle léger fait de chansons et de sketchs comiques. L’action se passe à Belchite, bourg martyr entre Saragosse et Lérida, dont les ruines ont été volontairement conservées intactes en témoignage atroce d’un affrontement implacable. Dès le mois d’août 1936, Belchite avait été occupé par les troupes dites nationalistes. Lesquelles en avaient été chassées lors de l’offensive républicaine de septembre 1937. Mais Belchite est à nouveau prise malgré la défense de la quinzième Brigade Internationale, après de furieux combats et des destructions sans nombre, le 10 mars 1938, par les navarrais du général Solchaga et les légionnaires italiens du général Beti. C’est alors que commence la pièce quand Carmela et Paulino, croyant jouer devant des volontaires étrangers  « rouges », se trouvent en présence de légionnaires italiens envoyés par Mussolini en Espagne.

L’ARGUMENT

Une des questions de cette pièce est la suivante : faut-il accepter l’oppression et survivre à tout prix ?

Ou bien rester fidèle aux valeurs essentielles, se révolter et affronter la mort.

Chacun des deux personnages va incarner une réponse différente à cette question. Le conflit est ainsi violemment concrétisé sur une scène, à l’intérieur du couple. Il aboutit à l’assassinat de Carmela devant les yeux de son mari, Paulino.

Un autre thème de ce spectacle : L’histoire est plus grande que l’individu.

La grande histoire est vécue au niveau des petits problèmes quotidiens des gens qui se débattent depuis toujours pour s’en sortir, mais ici on n’échappe pas à l’enchaînement du mal ni à la fatalité historique. La fascination de la pièce, c’est ce mélange entre un monde à quatre dimensions où l’on traverse les miroirs et un monde historique où le plus humble des saltimbanques n’échappe pas aux grandes commotions de son temps. Personne ne peut fermer les yeux, se boucher les oreilles, refuser de voir. Quel théâtre doit-on présenter quand le canon gronde ?

DRAMATURGIE

Le ressort de la pièce et le principe de la mise en scène est de nous faire

«  décoller » d’une histoire réaliste située dans le temps et l’espace ( la guerre civile espagnole) pour la recréer par bribes, dans un prisme éclaté d’images, à travers toute la magie et les illusions du théâtre.

Le théâtre est matérialisé par les passages d’un plan à un autre, par les bascules d’un temps à l’autre, du présent au passé, et du passé au présent, et dans tous ces allers et retours, ces flash-back.

Les flash-back de « Ay Carmela » appartiennent à la logique de l’action, à la nécessité interne des personnages. Les retours au passé sont suscités par les personnages. Par le désir de Paulino de retrouver Carmela vivante. Par le Désir de Carmela de fuir son état présent, son inéluctable effacement.

La mort a déjà eu lieu et elle est à venir. Le présent subit un choc, un trouble, une déflagration, il prend une autre dimension, un autre tour, mêlant sordide et merveilleux, fantastique et quotidien.

SCENOGRAPHIE, MISE EN SCENE

Le plateau du spectacle «Ay Carmela » est nu, dépouillé comme une représentation de la condition des ces artistes de cabarets itinérants dans cette guerre civile.

C’est le lieu de l’action, l’endroit ou va se retrouver seul le personnage Paulino.

La lumière est un élément du dialogue entre le présent et le passé, entre le présent et l’au-delà et entre ce couple d’artistes et les forces extérieures au théâtre et à la vie : le pouvoir militaire fasciste tout puissant.

La direction d’acteurs est un élément prépondérant de la mise en scène, les relations amoureuses et professionnelles des deux personnages, la profondeur de leurs personnalités sont l’essence même de ce spectacle.

L’AUTEUR

José Sanchis Sinisterra

Né en 1940 à Valencia, dans une Espagne ravagée par la guerre civile et dans une Catalogne rebelle tentant de préserver sa culture et sa langue proscrite par le franquisme, José Sanchis Sinisterra prend à 17 ans la voie du théâtre qui devient pour lui le seul lieu réel et possible de la liberté.

Entre 1957 et 1966, il dirige des groupes de théâtre universitaire indépendant. Licencié en philosophie et en littérature, il se consacre à partir de 1962, à l’enseignement d’abord des lettres puis, dès 1971, du théâtre à l’Institut de Théâtre de Barcelone.

Dans sa démarche d’homme de théâtre, il a toujours relié délibérément et concilié la pratique scénique, l’écriture dramatique, sa vocation philosophique, son travail de recherche et son activité pédagogique. « Le théâtre n’est pas seulement une pratique ludique ou esthétique, affirme-t-il, mais également un moyen pour comprendre le monde et pour agir sur lui ».

Il a écrit une trentaine de pièces parmi lesquelles :

La noche de Molly Bloom (79)

Naque o de piojos y actores (80)

Crimenes y locura de Lope de Aguirre (86)

Ay Carmela (86)

Perdido en los appalaches (90)

Naufragios de Alvar Numez (92)

Vidéo Place Gaston Couté

Vidéo Sur le dos du Croco

 

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